Par Jean Witt.
Dans une interview, Jean Witt, l’auteur, a exprimé ceci : « A travers sa maladie, mon épouse m’a tendu un miroir dans lequel je me suis reconnu comme Alzheimer spirituel appelé à une conversion »
Cet ancien dominicain nous emmène par la main, comme son épouse l’emmène lui, à ne plus raisonner de manière carrée, logique, ordinaire, face à la limitation lente du langage écrit, oral, puis des expressions du corps et du visage, liée à l’évolution inéluctable de la maladie d’Alzheimer.
S’il n’y a aucun doute sur la survenue de moments pénibles pour eux, Jean Witt nous désigne la faille essentielle restante par laquelle leur relation d’amour est restée intacte, voire enrichie. Ils acceptent peu à peu , chacun, les dépouillements successifs, jusqu’à ne plus rester qu’au cœur même d’une communion d’âmes.
En avançant avec eux dans leurs pas, nous sommes les témoins privilégiés de leur essentiel , de ce qui fait leur lien entre eux et au monde.
Son épouse semble le guider vers toujours plus de sens, plus à l’essence de l’amour de la Vie. Pas de promenade pour juste se promener…, mais rencontrer d’autres, allant quérir du lait, des œufs, …
Une célébration de moments du quotidien simples, dans cette présence humble à chaque regard ou geste pleinement vivant.
Une humble et profonde persévérance à pouvoir échanger chaque jour sur ce qui fait sens, chaque jour en rendez-vous d’écoute, de vie, du souffle.
Et lui, avec elle, s’ouvre à une reviviscence de sa Foi, se laisse inviter à revisiter l’Evangile ,à en mesurer la profondeur.
En même temps, sans en avoir l’intention, Jean Witt nous montre un chemin d’accompagnement subtil et profond, dont nous pourrions tous nous inspirer à l’heure des débats sur l’euthanasie et l’accompagnements des souffrants en hopitaux , en maison de retraite ou à domicile.
Un livre à mettre dans les mains de tous les soignants absolument.
Mauricette Scheyvaerts.
Presses de la Renaissance, 2007 - 21.95 €
