par Tahar BEN JELLOUN
« Il y avait une fois… ». tels sont les premiers mots de ce livre qui s’ouvre comme un conte façon « contes des mille et une nuits » mais qui, comme tous les contes, véhicule son lot de malheurs et de drames.
Le point de départ est cette institution – plus qu’une coutume ou une tradition- qu’est le mariage de plaisir qui consiste à contracter un mariage musulman temporaire pour une durée déterminée convenue entre époux. Cette institution qui est toujours reconnue par un certain nombre de musulmans pose la question de la polygamie et, en filigrane, celle de la place de la femme dans l’islam.
Cependant ce n’est pas là que réside le thème principal de cet ouvrage : le fil rouge en est le racisme, mais une forme de racisme qui nous est moins familière, à savoir, le racisme des africains « blancs » du Maghreb vis-à-vis des africains « noirs », considérés par les premiers comme les seuls vrais africains.
Cette histoire d’une famille marocaine sur 3 générations balaie presque ¾ de siècle d’histoire, du milieu du 20éme siècle à nos jours et évoque l’esclavagisme (aboli au Maroc seulement en 1922), le colonialisme, la radicalisation, la montée du terrorisme, les migrants…
Peut-être le nombre important de thèmes abordés dans un ouvrage finalement pas très volumineux nuit il à la cohérence de l’ensemble et ternit quelque peu l’image de conte oriental du début de la lecture, malgré l’incomparable talent de narrateur et le style simple, concis et naturel de Tahar Ben Jelloun qui rendent les vérités encore plus vraies et les évidences encore plus évidentes.
Cela est finalement le reflet de la vraie vie qui en effet n’est pas un conte.
Marie-Christine COLIN-LEFEBVRE, Avril 2016
Gallimard, 2016 - 19.59 € - 13.99 € (EPUB)