par Ibrahim ALSABAGH
En nous livrant ses lettres et ses réflexions, le frère Ibrahim Alsabagh nous fait découvrir toute l’horreur de la vie quotidienne de la communauté chrétienne d’Alep, de janvier 2015 à janvier 2017.
Dans la première partie de son ouvrage, le frère franciscain Ibrahim Albragh, à travers ses lettres envoyées à des amis italiens, plonge le lecteur dans la vie quotidienne des membres de sa communauté chrétienne syrienne. En nous racontant les problèmes d’approvisionnement d’eau potable et de nourriture, la difficulté de se loger et de trouver du travail, l’impossibilité pour les étudiants de pouvoir se consacrer à leur travail, c’est tout simplement le cauchemar de vivre dans une ville bombardée qu’il nous dévoile. C’est avec force et émotion, en se remettant avec confiance et abandon entre les mains de Dieu, qu’il nous décrit la ferveur et la gratitude de ces chrétiens démunis et soumis à la violence de la guerre. Il nous écrit l’absurdité de vivre à Alep : « Je ne me demande plus pourquoi les gens cherchent à émigrer, pourquoi ils se fient à la mer en risquant tout, à commencer par leur vie ». A la veille de Noël 2016, après le départ des groupes armés rebelles, Alep est déclarée « ville sûre ». L’espoir renaît pour la communauté des chrétiens, soutenue par de nombreux témoignages venus du monde entier. « La prière est ce qui nous a procuré ce miracle de la paix » nous écrit-il en ce 25 décembre.
La seconde partie du livre rassemble des interventions publiques du père Ibrahim destinées à un public plus large que celui des lettres. Il y explique d’une manière simple mais détaillée la situation à Alep. Le but étant de trouver un sens chrétien à la souffrance du peuple syrien. Quête que le père Ibrahim applique à sa propre vie en nous faisant part de son parcours et de sa rencontre avec Dieu dans cette ville en guerre. Pour lui, les chrétiens persécutés pour l’amour du Seigneur, « sont un trésor précieux pour toute l’Eglise. Ils sont la plus grande et la plus belle manifestation du sens profond de la vie chrétienne : un don total et inconditionné au Seigneur ».
Un ouvrage émouvant, proclamant l’espérance et la Foi. Un témoignage pour réapprendre l’humanité.
Catherine Van de Moortele, Librairie CDD Namur.
Cerf, 2017 - 20,00 €
Par Rozenn LE BERRE
Durant un an et demi, Rozenn Le Berre a travaillé comme éducatrice dans un service d'accueil pour jeunes immigrés arrivés en France sans leurs parents. Voici le récit à deux voix de son expérience.
La première voix, c'est celle de l'auteur confinée dans son bureau, qui se fait le relais de ces jeunes qui arrivent d'au-delà la Méditerranée, traînant des valises de souvenirs difficiles, mais que la fureur de vivre maintient debout.
La seconde relate le voyage éprouvant de Souley, un jeune Malien qui a décidé de faire l'aventure et doit arriver en France avant ses dix-huit ans.
Ce livre part à la rencontre de jeunes mineurs malmenés par l'exil et le labyrinthe administratif français, mais qui petit à petit, parviennent à se reconstruire, à sourire, à danser, à être pénibles et idiots comme des adolescents, à ne plus avoir peur. À vivre au lieu de survivre.
Tous ont comme obsession de prouver qu'ils ont moins de dix-huit ans. Cela leur garantit une place dans un foyer d'accueil et l'accès à l'école. Et pour cela, ils ont une heure pendant laquelle ils sont interrogés sur leur vie d'avant, sur leur voyage, sur des détails familiaux… Pour les pousser à la faute ? … Cela fait partie de la logique administrative devant des papiers souvent falsifiés ou inexistants.
On a le cœur qui se serre devant tant d'horreurs vécues par ces jeunes pendant leur voyage, devant leur désespoir s'ils ne sont pas reconnus comme mineur isolé étranger, devant ces travailleurs sociaux qui, faute de moyens, sont obligés de remettre à la rue des jeunes, le temps que leur dossier soit examiné par le département.
La partie qui relate le voyage de Souley fait froid dans le dos ! Le courage de ce jeune garçon qui décide de rejoindre la France, l'inhumanité des passeurs qui ne pensent qu'à l'argent, le racisme dans les différents pays traversés, l'exploitation des patrons qui engagent cette main d'œuvre vulnérable et sans protection (car il faut beaucoup d'argent pour passer en Europe !), les policiers peu amicaux, les coups, parfois la mort, tout cela avant d'arriver en bord de mer et d'embarquer dans des rafiots surchargés, la peur au ventre et priant que la traversée soit bonne.
Catherine Gielen – CDD d'Arlon
La découverte 2017 - 18,40 €
Par Philippe LE GUILLOU
Sur les traces de la petite sainte de Lisieux
En chemin sur les routes normandes avec Philippe Le Guillou pour tenter d’appréhender le mystère de l’abandon corps et âme de la petite Thérèse à devenir un « jouet » entre les mains de Dieu.
Le sablier, c’est celui qui égrène le temps, temps de prière, de recueillement et de travail silencieux au sein du Carmel.
La petite Thérèse, au sortir de l’enfance, n’aura de cesse de suivre l’exemple de ses sœurs et d’intégrer, au plus vite, cette forteresse froide et humide qu’est le Carmel de Lisieux. Avec la farouche volonté de se consacrer entièrement à Dieu, elle ira jusqu’à se jeter aux pieds de Léon XIII, à Rome, pour obtenir la faveur de devenir Carmélite dès l’âge de quinze ans.
Philippe Le Guillou met ses pas dans ceux de la jeune fille. Tel un écrivain voyageur, il rassemble dans un carnet Moleskine ses réflexions, observations et commentaires qui constituent un chemin de foi personnel et lui permettent de rentrer en connexion avec cette sainte qu’il apprécie tant. Il nous invite à la suivre dans les lieux familiers qu’elle a fréquenté, il nous propose d’effleurer les objets qu’elle a manipulé pour tenter de nous faire pénétrer le mystère thérésien. L’écriture raffinée et poétique tente de rendre l’indicible de l’expérience mystique. Il faut tout le talent du romancier confirmé pour mettre des mots sur la puissance du feu intérieur qui brûle, et qui dévore, l’esprit de Thérèse.
Il est difficile, en effet, dans une société qui prône la liberté, la communication et l’ouverture au monde, de comprendre le cheminement d’une adolescente qui décide de renoncer à la vie familiale et aux beautés de la nature qu’elle aime tant pour devenir le « jouet » de Jésus. « Le jouet doit être mis à l’épreuve, ce petit jouet insignifiant et sans valeur, il peut être piétiné, percé, cabossé, abandonné au bord du chemin. »
Impressionnant le contraste entre la simplicité, l’effacement, la vie minuscule de Thérèse et l’ampleur de la ferveur populaire qui suivit la mort de celle qui montra le chemin de la petite voie. Étonnant également, de voir l’immensité de la basilique, la splendeur des mosaïques, la richesse du reliquaire pour honorer la petite sainte des fleurs des champs.
Mariel LEJEUNE, CDD de Namur
Salvator, 2017 - 17,00 €
Par Anne LIU
Merveilleux témoignage sur la maladie de son mari et un émouvant hommage à sa mémoire.
De la poésie, de la prose poétique, des mots qui sortent après les larmes, qui disent merci, pour ne pas oublier les gestes des uns et l'accompagnement des autres, qui évoquent leur vie et leur foi commune. La lettre à Laurence de Bourbon Busset n'est pas loin.
Desclée De Brouwer, 2014 - 14,00 €