par Peter Tremayne.
On ne s'attend pas nécessairement à ce qu'un roman policier puisse avoir pour cadre l'Irlande du VIIème siècle. Un peu inquiète de ne pas saisir toutes les ficelles puisque je commence par le tome n° 26, j'ai été rapidement rassurée : l'auteur prend la peine de contextualiser quand c'est opportun. L'enquête est menée par Fidelma de Kildare qui jouit de compétences juridiques, de prestige (elle est la soeur du roi de Muman) et de l'autorité de ses fonctions qu'on peut simplifier comme étant celles d'un juge d'instruction.
Toute l'histoire baigne dans ce monde irlandais christianisé par Saint Patrick deux siècles auparavant. Il subsiste encore quelques récalcitrants qui tentent de remettre les vieilles croyances en selle en s'associant dans une confrérie du Corbeau. Les attributs du bon roman policier sont là : morts, enlèvements, indices, détours et rebonds. J'ai été frappée par le rôle de cette femme, par une approche juridique des situations qui résonnent comme très actuelles, par l'affirmation de la nouvelle foi (avec quelques libertés plausibles pour le siècle et les lieux), par le recours incessant aux termes celtiques (ce qui pourrait rebuter mais ils sont toujours expliqués).
Les enquêtes de Soeur Fidelma rencontrent un fameux succès et sont traduites en plusieurs langues. Leur auteur, Peter BERRESFORD ELLIS, les écrit sous le pseudonyme de Peter TREMAYNE. Il est britannique, passionné par l'histoire celte et celle d'Irlande. Le prochain tome est prévu pour juillet 2016 en langue anglaise.
Geneviève Iweins, juin 2016.
10/18, 2016 - 17.40 € - 10.99 € (EPUB)
Par Karima Berger
Mektouba c'est le destin !L'auteur nous emmène dans ses rêveries philosophiques sur l'héritage. Quelles traces laisserons-nous ? Que garderons de nous nos héritiers? Merveille de mots et d' expression mélancolique éclairée par une lueur de fierté et d'assurance dans le regard de ce père algérien contraint par ses enfants exilés à rédiger ses dernières volontés. Cette lecture n'incline pas à l'optimisme mais elle tisse un regard serein sur les difficultés d'héritage que vivent bien des familles , héritage de biens matériels mais aussi transmission des valeurs.
Marie-Louise Chapelle-Lespire
Albin-Michel, 2016 - 19.65 € - 11.99 € (Epub)
Par Patrick Tudoret.
Très, très belle découverte de cet écrivain et de ce livre dont le titre n'est qu'un prétexte à une réflexion sur la vanité humaine et surtout sur l'amour qui survit à la mort.
Histoire d'un écrivain qui se voit décerner l'honneur suprême de la littérature mondiale mais qui fuit tout ce que représente ce Prix en se jettant dans la marche. Ce point de départ est l'occasion de belles réflexions sur le rôle et le travail de l'écrivain et sur la place de la littérature dans notre monde "moderne".
Mais là n'est pas l'objet principal de ce récit pourtant émaillé de nombreuses et très belles références littéraires : ce récit est avant tout un magnifique roman d'amour, amour de la femme aimée morte quelques années auparavant et à laquelle il écrit tout au cours de son parcours géographique et spirituel.
Ce sceptique et agnostique notoire se retrouve, un peu malgré lui, à marcher sur le "chemin" et ainsi, pas à pas, renoue avec la vie.
C'est un récit plein de lumière, de tendresse et d'émotions dans un style très beau et marqué par un très riche vocabulaire.
A découvrir sans tarder.
Marie-Christine Collin-Lefebvre.
Grasset, 2015 - 20.20 € - 12.99 € (Epub)
Par Metin Arditi. Collection "Babel"
Turc d’origine vivant en Suisse, Metin ARDITI a construit ce roman sur base d’une circonstance réelle : en 2001 est exposée à Genève une toile prêtée par le Louvre « L’homme au gant » du maître vénitien Le Titien. Un historien de l’art conclut, après expertise de la signature, qu’il pourrait s’agir en fait de l’œuvre de l’un de ses disciples, Le Turquetto, le « petit turc ».
Metin Ardit imagine alors la vie de ce jeune juif né à Constantinople , dévoré par la passion de peindre mais à qui sa religion interdit la représentation. Pour vivre sa passion, il s’enfuit à Venise où il est cependant contraint de se faire passer pour chrétien en raison de l’intolérance qui y règne contre les juifs.
Cette fiction, puisque cela en est une, ne manque pas d’intrigue et suscite la curiosité du lecteur et l’envie d’avancer dans la lecture, sans oublier le rôle y tenu par ces 2 villes captivantes que sont Constantinople et Venise au 16e siècle.
Très beau roman sur cette magnifique période qu’est la Renaissance italienne mêlant art et religion mais aussi témoignage de l’amour de l’art qui devrait être message de paix et de tolérance.
A conseiller aux amateurs d’art et d’histoire, sans oublier les amateurs de récits bien menés et bien écrits.
Marie-Christine Lefebvre.
Actes Sud, 2013 - 8.00 € (version poche "Babel")